L’Hypnose Ericksonienne

Voici un terme assez connu en France, davantage d’ailleurs que dans son pays d’origine, les USA !
L’Hypnose dite « Ericksonienne » est plus « rusée » ou « stratégique » que l’Hypnose Classique. Elle tire son nom du psychiatre américain Milton Erickson (1901-1980). On dit qu’Erickson était « artfully vague », ce qui est difficile à traduire : « art » signifiant « habile, adroit, rusé ». Donc, à la fois vague, flou, difficile à cerner… et rusé. On dira : stratégique.

L’Hypnose Ericksonienne dérive donc de l’observation des techniques thérapeutiques d’Erickson, souvent hors hypnose. On parle ainsi souvent d’approche éricksonienne, au sens large. Erickson, pour sa pratique de l’Hypnose, étant lui-même resté essentiellement « classique » dans son approche (39% de sa pratique).

Ernest Rossi et Jeffrey Zeig ont mis en évidence l’esprit dans lequel Milton Erickson pratiquait la thérapie. Jay Haley a centré son étude sur l’aspect interactionnel, voire presque systémique. Bandler et Grinder ont utilisé la Grammaire Transformationnelle pour repérer les spécificités de langage d’Erickson… Lockert a décrit les séries de processus mis en place inconsciemment par Erickson, dérivés de la Psychologie Sociale… Les observateurs et successeurs d’Erickson ont ainsi réuni l’ensemble des techniques de ce que l’on appelle aujourd’hui « Hypnose Ericksonienne ».

Au sens strict, l’approche reste « sans théorie », comme le voulait Erickson. Des principes dictent l’action du thérapeute, qui improvise la séance de soin, avec beaucoup d’anecdotes personnelles et de prescriptions de tâche. La partie « hypnose », quand il y en a une, est très semblable à l’Hypnose Classique, hormis le fait qu’elle puisse incorporer les « ruses » du thérapeute (noeuds psychologiques découverts et activés par le thérapeute pour pousser l’Inconscient dans la direction voulue).

On disait que le seul véritable éricksonien était Milton Erickson, ce qui était certainement vrai, jusqu’à la mise à jour du « Milton-modèle 4 » (Lockert, 2008). Erickson était davantage une sorte de « manipulateur de nos automatismes » qu’un psychothérapeute, dans le sens auquel on l’entend aujourd’hui. Les liens faits avec les techniques issues de la psychologie sociale expliquent son art de provoquer les réactions adéquates pour orienter une personne vers l’arrêt de son symptôme. Les exemples d’applications de sa manière de pratiquer sont nombreux, bien que restreints à des domaines essentiellement « mécaniques » (énurésie, troubles obsessionnels, phobies, anesthésies, sexologie, etc.).

Erickson se désintéressait de la « psychologie », au sens qu’on lui donne en Psychologie, en Psychothérapie ou en Psychanalyse. Il réprouvait même souvent, et violemment, les théories psychologiques et les autres formes de psychothérapie, comme la Psychanalyse, la Gestalt, l’Analyse Transactionelle, etc. Il considérait publiquement leurs praticiens comme « des charlatans »… S’appuyant sur la conviction que « chaque personne est unique et ne peut rentrer dans aucune théorie » (ce que disent aussi les autres approches, soit dit en passant), il était d’une ruse incomparable pour pousser une personne à faire ce qui lui semblait bon pour elle. Il savait jouer sur les réactions naturelles et utilisait avec talent le contexte et les attentes des personnes.

A côté de cela, sa pratique de l’Hypnose était plutôt « classique », quoique très fine et intelligente (rusée, justement), et bien que parfois aussi très autoritaire et directe.

Il reste peut-être aujourd’hui quelques puristes essayant d’imiter avec plus ou moins de succès le « maître ». Chacun des élèves d’Erickson a créé sa propre manière d’utiliser les outils éricksoniens : Palo Alto et la systémique, Jay Haley et la thérapie familiale ou ordalique, Daniel Araoz, David Calof, William O’Hanlon, Olivier Lockert et la Nouvelle Hypnose, etc.

C’est donc en réunissant les spécificités d’Erickson que s’est créée l’Hypnose qui porte son nom, même si lui-même n’a jamais pratiqué l’hypnose « éricksonienne » comme on le fait aujourd’hui. Et c’est cette base technique, améliorée et adoucie, qui est venue enrichir la « Nouvelle Hypnose » actuelle…

source IFHE (Institut Français d’Hypnose Humaniste et Ericksonienne) :

 http://hypnose-ericksonienne.com

Milton Erickson

« Milton Erickson fut le plus grand hypnotiseur de tous les temps » – Chertok

Milton Hyland Erickson (1901-1980), psychiatre et psychothérapeute américain, a personnellement souffert de diverses maladies et problèmes physiques : il était très handicapé du côté droit, souffrait de dyslexique, ne pouvait percevoir les rythmes et la hauteur des sons, il ne voyait vraiment bien que la couleur violette qu’il adorait et utilisait beaucoup, etc… Une vie de souffrance et de combat contre la maladie a sans aucun doute participé à forger sa personnalité obstinée, inventive, et probablement -paradoxalement- à lui donner un grand sens de l’humour.

A l’âge de 17 ans, il est donc frappé par la poliomyélite. Furieux d’avoir entendu le médecin annoncer à sa mère que son fils mourrait sans doute avant le lever du jour, il mobilise toutes ses ressources et réussi à survivre jusqu’à l’aurore… Toutefois, aux premiers rayons de soleil, il sombre dans un profond coma, trois jours et trois nuits durant, qui le laissera entièrement paralysé. Il « profitera » de cette immobilité forcée pour aiguiser un sens de l’observation déjà développé.

La légende raconte qu’un jour, alors qu’il avait été mis à reposer sur le rocking-chair habituel, face à la fenêtre, il fut pris d’une si grande envie de pouvoir revoir les travaux de la ferme familiale que son fauteuil finit par se mettre à basculer !… Surpris et sans doute plein d’espoir, il se mit à travailler sur cet effet de l’imagination qui avait bel et bien réussi à faire bouger son corps paralysé. Milton Erickson venait de redécouvrir l’activation idéomotrice de l’Hypnose de Bernheim.

Un an plus tard, grâce aussi aux efforts constants de rééducation de son infirmière, le jeune Erickson était debout !
Six mois après, il partait seul en randonnée, en canoë, afin de prouver à ses parents sa santé retrouvée.

Erickson, jeune étudiant en médecine, étudie d’abord l’Hypnose classique avec Clark Hull, un spécialiste qui prône les inductions standardisées (ce qui n’est pas toujours le cas en Hypnose Classique). Bref, le jeune Erickson est déçu par ce manque d’adaptabilité et met alors en place sa propre « façon de faire » (1923), toujours « classique » mais plus intuitive (à la manière d’un Donato, par exemple).
En 1928, il devient médecin et décroche un doctorat en Psychologie.

En 1932, Erickson publie son premier article sur l’Hypnose.

Il travaille d’arrache-pied, embauchant tôt le matin, finissant tard dans la nuit. Il aimait réétudier ses consultations de la journée avec sa femme, psychologue, afin d’épurer ses prochaines consultations. Erickson voulait extraire de chaque phrase, de chaque mot, l’essence active, la puissance de changement, purger l’inutile, mieux comprendre les mécanismes humains…
Il trouva tout de même le temps de faire huit enfants : trois avec sa première femme (dont Carol, sa fille aînée) et cinq avec sa seconde femme, Elizabeth, psychologue, qu’il épouse en 1936.

En 1942, Lawrence Kubie, éminent neurologue spécialiste de l’hypnose, aide Erickson à se faire connaître et l’invite à la première conférence Macy, qui sera à l’origine de la cybernétique.

En 1948, Milton Erickson déménage pour Phoenix, en Arizona, à cause de violentes crises d’allergie qui l’ont immobilisé de longues semaines durant l’hiver précédent. Un an après, il quitte l’hôpital, ouvre un cabinet de consultations privées et participe, avec l’obstétricien William Kroger et le psychologue d’origine française André Weitzenhoffer, à la création de la Society for Clinical and Experimental Hypnosis.

A l’âge de 51 ans, la poliomyélite frappe à nouveau Erickson, ce qui est quand même aussi un phénomène peu courant et qui a participé à sa « légende »… car il s’en guéri à nouveau (toutefois, certains médecins mettent en doute qu’il s’agissait vraiment d’une seconde polio). Milton Erickson gardera les séquelles de cette deuxième crise jusqu’à la fin de ses jours : il devait se déplacer la plupart du temps en fauteuil roulant, souffrait beaucoup et mettait une heure, tous les matins, à diminuer un peu ses douleurs…

En 1957, Milton Erickson fonde avec William Kroger l’American Society of Clinical Hypnosis.

Dans le milieu des années 1950, Milton Erickson dû prouver sa compétence éthique et scientifique devant le « Conseil de l’Ordre des Médecins », qui trouvait étrange sa pratique et voulait le radier !… Comme quoi… Erickson fit ses preuves et sortit victorieux de cette confrontation (comme Freud, à son époque, à qui il était arrivé la même mésaventure).

En 1973, le nom d’Erickson devient connu du grand public à la suite de la publication par Jay Haley du livre « Uncommon therapy » (« Un thérapeute hors du commun »). L’année suivante, Erickson rencontre, par l’intermédiaire de son ami Gregory Bateson, les fondateurs de la PNL : Richard Bandler et John Grinder. Au cours des six dernières années de sa vie, Erickson accueille chez lui de nombreux psychothérapeutes venus du monde entier pour discuter avec eux d’hypnose, de thérapie et de la vie en général, au cours de séances quotidiennes de quatre à cinq heures

A la fin de sa vie, Milton Erickson ne se levait plus que pour passer de son fauteuil roulant à son bureau, son bras droit était presque complètement invalide, son dos le faisant énormément souffrir, son corps balançait de gauche et de droite spontanément et il avait de la peine à parler, ce qui lui donnait cette voix grave et rocailleuse si particulière.

D’un naturel joueur et curieux de la vie, Erickson utilisait son corps et ses différences. Il prenait plaisir à plaisanter avec ses patients, à expérimenter avec eux de nouvelles approches.

Aujourd’hui la pratique de l’Hypnose Thérapeutique a considérablement évolué, avec la Nouvelle Hypnose et l’Hypnose Humaniste. On gardera de Milton H. Erickson la mémoire d’un pionnier, d’un découvreur sans qui rien n’aurait été possible. Ce sont ses élèves et amis, Jay Haley, Ernest Rossi, Jeffrey Zeig et tant d’autres, qui ont fait connaître son œuvre et l’ont faite grandir…

Le Chemin est désormais ouvert. Et il n’attend que vous !